Vendredi dernier, les Paniers recevaient la visite de Julie Juillaguet, journaliste au Midi Libre, venue rencontrer des bénéficiaires de paniers de solidarité. Le lendemain, elle livrait ses premières impressions dans un édito.
Derrière la chute dans la précarité, l’image de soi qui bascule
Avec la crise sanitaire, de plus en plus de personnes tombent dans la précarité. Outre les angoisses d’ordre matériel, il faut gérer le regard des autres et l’image de soi.
En rentrant de reportage lors d’une distribution de paniers solidaires, on se dit qu’il faut du courage à ces personnes pour être là et encore plus pour accepter de nous parler. Récit de personnes souvent isolées, qui nous racontent leur situation, comment leur vie a basculé. Perte d’emploi liée à la crise sanitaire, doublée d’une séparation difficile. Et puis, arrive le moment de prendre une photo pour l’article. Ces personnes qui se sont livrées à nous avec une certaine pudeur ont un mouvement de recul.
Effet de miroir
La honte les gagne. Car derrière une vie qui bascule, il a y l’image de soi qui vacille. Passer du jour au lendemain de travailleur actif à personne dans le besoin, dépendante. Une photo dans le journal, c’est un peu comme se retrouver sur la place publique, risquer d’être reconnu par quelqu’un. Et à travers le regard des autres, c’est notre propre image qui, par effet de miroir, nous saute au visage.
Julie Juillaguet
Article publié sur le site du Midi Libre le 21 novembre 2020